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06 Nov

"There she blows!"

Publié par Claire  - Catégories :  #Nouvelle-Zélande 2010

 

 

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Le massif de Kaikoura enneigé

 

 

 

"There she blows!"

 

 

Tel était le cri lancé par les baleiniers à la vue d’un souffle. "Branle-bas de combat baleinière à l’eau, tous à vos avirons! Ce sacré Moby Dick ne va pas nous attendre, souquez ferme les gars on a une baleine à attraper. Foi de Capitaine Achab j’irais jusqu’en enfer s’il le faut et caetera." Voila pour la version romantique de Melville.

Les européens se sont installés à Kaikoura et ont créé une station baleinière en 1842, Maui, le demi-dieu maori s’y était confortablement instalé un peu plus tôt afin de pécher l’Île du Nord qu’il arracha aux profondeurs de l’océan. Mais il est à parier que les baleines et notamment les cachalots ont commencé à fréquenter ces côtes un bout de temps auparavant.

L’intérêt et la particularité de cette petite péninsule au Nord de Christchurch est d’abriter une faune marine et notamment mammale impressionnante. Les cotes de Kaikoura abritent en effet, à la fois les plus petits dauphins du monde (endémique de Nouvelle-Zélande), le dauphin de Hector ne dépassant pas 1m 50 et le plus grand spécimen de baleine à dents, le cachalot. Entre les deux on peut aussi apercevoir les acrobatiques dauphins obscurs, et plus occasionnellement des orques, des baleines à bosses et des baleines bleues. Les otaries à fourrures font la sieste à porter d’appareils photos et pour les amateurs d’oiseaux, les albatros, les pétrels et autres cormorans font le show sur mer et dans les airs.

cormoran variable P1080058 otarie a fourrure P1080041 P1080129

Cette abondance de grands mammifères si proches du littoral s’explique par le trait particulier de la côte et par les courants marins présents. Au niveau de la péninsule et à seulement quelques centaines de mètres de la côte, le plateau continental s’arrête brusquement en formant un tombant de plus de 800m portant à plus de 1000m la profondeur océanique. Lorsque les courants froids venants d’antarctique se heurtent à ce mur ils remontent le long de la pente apportant avec eux de nombreux nutriments que l’on ne rencontre habituellement qu’en eau profonde et froide. Ces nutriments sont à la base de la chaîne alimentaire et leur présence permet l’existence de cette chaîne alimentaire de sa base (phytoplancton) à son sommet (les mammifères). Cette chaîne alimentaire n’est pas vraiment linéaire (la baleine bleue, plus gros animal vivant et ayant vécue sur terre se nourrit de krill, genres de mini crevettes!) mais l’idée est là!

Qu’en est-il de nos cachalots donc? Ceci se nourrissent principalement de calamars et dans une moindre mesure de poissons. Les cachalots vivants près des côtes de Kaikoura sont des mâles, pour la plupart jeunes. Ceux-ci bien que mature sexuellement, ne sont pas encore assez gros pour s’attirer les faveurs des demoiselles. Ces jeunes passent donc leur temps à Kaikoura à se nourrir pour devenir de fort messieurs suffisamment attractif pour ces dames! L’industrie touristique de l’observation de cétacés a remplacé l’industrie de la chasse à la baleine.

 

Le décor étant posé revenons donc à la question qui vous taraude l’esprit tellement que vous en fait des insomnies (merci de l’intérêt que vous me portez et de votre soutien!), à savoir donc qu'est-ce que je fais dans tout ça?

A Kaikoura donc Ophélie et Manuel font leur thèse sur les cachalots. Ophélie étudie leur répartition sur la zone d’étude et Manuel étudie leur comportement alimentaire. En parallèle une étude est menée pour connaître l’impact des bateaux d’observation sur leur comportement. Pour tout cela il faut l’aide de volontaires gentils et motivés!

Je rejoins l’équipe fin Octobre juste à l’heure pour le barbecue! Cécile, une des volontaires par qui j’ai eu le contact s’en va, suivi quelques jours après de Stéphanie et Malte, réduisant ainsi la fine équipe du mois de Novembre a Lindsey (USA), Adrien (Tarn) et moi.


La colline a des yeux

La colline a des yeuxOphélie fait ses observations depuis la terre et notamment depuis La Colline. L’accès en est gardé par toute une armée de vaches et de portails qu’il faut franchir de bon matin. Une fois au pied du Saint monticule vient l’heure de l’ascension pour les fidèles pèlerins armés en tout et pour tout de leur théodolite, de leurs jumelles et de leur motivation. Une fois au sommet commence l’installation du poste d’observation, les fidèles érigent les différents instruments avec dévotion, près à surprendre le moindre souffle de la Bête. Les yeux rivés, qui sur les jumelles, qui sur le théodolite, qui sur l’ordinateur, chacun est à l’écoute de l’autre dans l’espoir d’entendre ce fameux cri de joie “BLOW!”, le doigt fébrile écrase alors la pauvre souris et l’évènement tant attendu est enregistré. Et le cri continue tel un mantra jusqu’aux dernières heures du jour. Les fidèles scientifiques remballent et redescendent alors de leur piédestal convaincus d’avoir une fois de plus, approchés la transcendance baleinique.

 

La croisière s’amuse

recherche a l'hydrophoneManuel fait ses observations depuis Titi, magnifique vaisseau, 18 nœuds, 400 tonneaux, on est fière d’y être matelots (ndlr : cette information est soumise à vérification, l’auteur n’ayant pas eu l’occasion jusqu'à présent de voir le bateau de ses propres yeux). A bord de Titi, l’on cherche le cachalot à l’aide d’un hydrophone qu’un dévoué volontaire brandit sous la surface près à réceptionner le moindre son de l’animal. Une fois celui-ci repéré, une atmosphère fébrile s’empare du vaisseau, chacun se met à son poste près à noter les moindres faits et gestes de la star. Le mantra débute alors « BLOW…BLOW…BLOW…[…]…BLOW…FLUKE (moment très important signifiant que l’individu va plonger et donc nous montrer sa caudale. Tous à vos appareils en mode rafale pour prendre la photo d’identification)…SHIT (non personne n’a jure, c’est juste pour dire que le cachalot a fait caca, ben oui tout est important dans la vie passionnante des cachalots). Celui-ci a donc disparu dans les profondeurs océaniques à la recherche de son plat préféré, le calamar à l’armoricaine.

 

 

La vérité

Tout ceci reste, bien évidement soumis aux contraintes météorologiques et à la présence des cachalots à une distance inférieure à 20 miles (12 kms environs) des cotes, distance au-delà de laquelle Titi n’a pas le droit d’aller. Autant dire que depuis que je suis là, les amis cachalots se baladent en moyenne au-delà de cette limite ce qui explique que je n’ai pas eu la chance de sortir avec Titi, ni de faire de véritables observations sur la Colline excepté entraînement sur les instruments !

P1110205Mais alors je n’ai pas du tout répondu à la question du début ! Pas de panique, d’autres alternatives très amusantes s’offrent alors aux volontaires désœuvrés. En effet si Titi ne peut pas aller au-delà de 20 miles, les bateaux de Whale Watching (ceux qui emmènent les touristes voir les baleines), eux peuvent y aller. Et qui c’est qui peut aller sur les bateaux de Whale Watching gratuitement pour prendre les donnes précédemment expliquées ? Les dévoués volontaires.

Et hop c’est parti pour un tour gratuit de haut-le-cœur/mal de crầne/vomi dans les sacs/pas vu de baleines (ben oui le résultat n’est pas garanti à tous les coups). A noter que les sensations décrites ci-dessus ne concernaient que certains passagers dont le rêve de voir des baleines s’est vite transformé en cauchemar gastrico-migraineux ! Enfin dans le cas ou le rêve se réalise, l’apparition du cachalot entraîne immédiatement chez le volontaire, une réaction en chaîne commençant par la prise de notes de tous les souffles (environs toutes les 10-15 secondes pendant environs 10mn), de la position de l’animal et des différents bateaux autours et finissant par la prise de la photo d’identification de la caudale au moment de la plongée. Et tous ça avec seulement deux mains ! Dure la vie !

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L’autre alternative à la voie des mers est la voie des airs, ou comment faire des tours d’avions et voir des cachalots depuis le haut (la prise de données est plus aléatoire et concerne le même type d’événements).

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Mais alors que se passe-t-il quand il n-y-a pas de place sur les bateaux ou en avion ou qu’il fait trop mauvais temps ? C’est là que débute la deuxième vie du volontaire qui consiste à bouquiner, jouer à la pétanque, au foot, au frisbee avec une assiette incassable, au speed (jeu de cartes pour filles selon Dean) faire du diabolo, aller boire une bière, aller se baigner (un peu froid encore), jouer à ArcGIS (logiciel de cartographie) avec les données déjà collectées, aller aux courses. Et tout cas espéront que les cachalots reviennent plus près des cotes avant qu’on parte vers d’autres horizons à mi-novembre histoire de faire au moins une sortie sur Titi et une vraie journée sur la Colline !

 

otarie au reposP1080049P1080045

La planche version otarie. Le spyhopping version otarie. Baleine échouée version otarie

 

rappel : Si le correcteur orthographique me permet de rajouter quelques accents de-ci de-là, il est loin d’être parfait et je ne voudrais pas que vous vous mépreniez sur ma capacité a place un accent grave ou aigu sur le « a » , ou ailleurs, quand il faut ! Ceci n’excusant en rien, bien sur, les autres fautes d’orthographes inhérentes à mon manque de concentration et de relecture !

 

note : pour les amateurs de belle photos et d'oiseaux je vous conseille le blog d'Adrien :

http://adrien.lambrechts.over-blog.com


 


 

- Interlude 1 - Pendant ce temps là, sur la plage:

 

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John croise le regard de Maurice pour la première fois

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L
<br /> Coucou<br /> Encore de magnifiques paysages et de nouvelles rencontres aussi bien humaine qu'animale. Sympa je voyage avec toi<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Salut Claire,<br /> comme promis voici le contact de la phd française (Anna Meissner) qui bosse sur les dauphins à Tauranga:<br /> <br /> A.M.Meissner@massey.ac.nz<br /> <br /> A+<br /> Adrien<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Oui je sais mais pour trouver de la farine de sarrazin ici, c'est une quete semmee d'embuches et les saucisses ne sont pas dignes de tenir chaud a une bonne galette!<br /> <br /> <br />
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K
<br /> C'est toujours un plaisir de lire tes aventures aux antipodes! Juste une petite remarque ça manque de galettes saucisses tout ça! lol!<br /> bon courage avec les cachalots bisous<br /> <br /> <br />
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C
<br /> aaaahh ça change des opposums! hihi<br /> maginfique....<br /> <br /> <br />
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